Mettre les mots

Je discutais il y a peu avec une grande amie très gravement brûlée (trois ans de masque facial et de multiples greffes de peau) qui me disait qu'elle avait une chance énorme d'avoir été greffée avec sa propre peau, prélevée là où elle était demeurée intacte, parce qu'elle n'aurait pas supporté de recevoir la peau d'un autre. 

Je dis comprendre et sens tout de suite une gêne de sa part : pour moi il n'y avait pas de choix et elle s'interroge sur la manière dont je supporte l'organe étranger.

Pour dire le vrai, très bien aussi bien physiquement que psychiquement. Je n'y penserais pas si je ne devais prendre ma dose quotidiene d'antirejets et si je n'avais pas des contrôles réguliers. Il semblerait, du moins d'après certains témoignages, que cela ne soit pas le cas de tous les transplantés et plus particulièrement des transplantés cardiaques.

La symbolique propre au cœur explique sans doute des vécus différents et si tous les transplantés et greffés ont une histoire commune, ils ont tous des profils spécifiques qu'il convient de reconnaître.